Publié par : marlène Belilos | décembre 2, 2010

Le carton de l’électricien …celui qui manque à Picasso

Picasso, le sait-on assez, conservait tout ses petits papiers, il pensait utile qu’à sa mort

l’on puisse ainsi reconstituer sa vie, les circonstances de sa création, pour « une science

de l’homme », qu’il espérait et en attendant il facilitait, sa biographie!

A cet effet, il gardait tout, ne jetait rien, la moindre trace matérielle, y compris la

poussière, ironiseront certains. Picasso préparait sa postérité.

Le musée Picasso, mémoire officielle du maître, avait organisé en 2003, une exposition

passionnante  » Les archives de Picasso » avec en sous-titre, « On est ce que l’on garde ».

Des enveloppes, des lettres de ses amis prestigieux, mais aussi des notes de pressing,

des mots à la femme de ménage, des billets de cinéma, des notes d’électricité, tout ou

presque était là autant de signes, souvent dérisoires , signes collectionnes aussi par

l’une de ses compagnes, Dora Maar.

Mais voilà,un carton surgi d’un garage- proche de sa dernière demeure, Notre Dame de

Vie, est venu déranger l’organisation presque fétichiste, de cette biographie que le

maître voulait contrôler.

Ne nous avait-on pas dit que Picasso empilait ses objets par ordre chronologique, des

tas dont il exigeait de ses femmes, qu’ils soient déménagés en l’état et dans l’ordre,

quand la maison ou l’appartement devenait trop exigu.

Alors, ce carton malicieux, avec des dessins de sa jeunesse? Donné par erreur par

Jacqueline Picasso, d’une période antérieure à sa vie avec son mari? Emporté par

hasard? Comment savoir ?

Carton, dans tous les cas, pour l’électricien, dans toute l’équivoque du mot.

L’électricien , lui aussi a classé le contenu ,par format, par support, par couleur,

probablement manie d’électricien. Et naïvement il est allé montrer son bien à la famille.

Il souhaitait dit-il, une reconnaissance, les oeuvres n’étant pas signées.

Mal lui en a pris, en fait de reconnaissance, il a immédiatement était mis en garde à

vue, et son trésor emporté. Mais notre électricien malicieux, le dit maintenant, il n’ a au

moins plus de doutes sur l’authenticité de son trésor.

Et l’hystérie de s’emparer de la famille auquel ce père a souvent manqué, et qui

d’autant plus a accumulé les objets, tous les objets, pensait-elle, sauf ce carton qui lui a

échappé-au moins provisoirement.

Gageons que les avocats coûteux de la famille, ne s’en laisseront pas compter.

Mais le mal est fait, comment était-ce possible?

Eux qui contrôlent,dit-on, le moindre bénéfice, répertorient la moindre vente.

Un plein carton? De quoi rendre fous, et fous ils le sont devenus.

La famille hystérique? Oui, mais pas seulement l’opinion aussi.

Chacun rêve de trouver un trésor dans son garage ou au fond d’un grenier.

Alors le carton de l’électricien?60 millions d’euros, comme ça, sans même acheter un

billet de loto. Un carton, vous dis-je.

Les regardiez-vous? Non, elles étaient dans le carton, rangées, conservées au sec.

« on est ce que l’on garde », disait Laurence Madeline, commissaire de l’exposition sur

les archives Picasso.

Picasso aurait lui peut-être aimé, l’irruption du hasard.

Marlène Belilos


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